Fini la France aux 22 régions, elles ne devraient pas être plus de 12 d'ici 2017, selon une carte imaginée par le gouvernement
Trois ensembles demeureraient intacts :
l'Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Corse. Pour le reste du territoire, l'heure est aux tractations entre les conseils régionaux, quand certains redoutent des mariages forcés.
- Bourgogne et Franche-Comté : un mariage presque consommé
Ils seront les premiers à sauter le pas : le pays de la moutarde
et celui de la cancoillotte se sont dit "oui" lundi. Les deux conseils
régionaux socialistes ont fait part de leur projet de "rapprochement
administratif" visant, à terme, à une "fusion des deux collectivités" en
2021. Une coopération déjà expérimentée au niveau de leur CHU et de
leur université. En montrant ainsi l'exemple, les deux régions espèrent
faire des économies sur les services et éviter les doublons, mais aussi
relancer leur économie.
- Vous n'aurez pas la Champagne-Alsace-Lorraine !
Voilà un ménage à trois qui risque de rencontrer quelques
résistances. Surtout en Alsace, dernière région de droite en métropole.
Rien que la fusion de ses deux départements, Bas-Rhin et Haut-Rhin,
s'était soldée par un échec après un référendum en 2013. "On a besoin de
simplifier mais il faut être réaliste, on ne peut pas faire n'importe
quoi", a réagi Philippe Richert, le Président du Conseil régional, à la
carte imaginée par le gouvernement.
- Le Poitou-Charentes avec l'Aquitaine et le Limousin ? Le grand marécage.
Cette hypothétique fusion formerait la plus grande région de
France. Mais l'idée, défendue fin 2013 par le président de la mission
sur la décentralisation au Sénat, Jean-Pierre Raffarin, avait alors été
rejetée par les élus limousins qui y avaient vu une tentative
"d'annexion." Rien n'est gagné, donc, même si la présidente de la région
Poitou-Charentes (et nouvelle ministre de l'Ecologie) Ségolène Royal
dit ne pas être contre, mais entretient le flou. Elle veut "consulter
les élus" avant tout et ne ferme pas la porte à une fusion avec la
région Centre.
- Haute et Basse-Normandie enfin d'accord ?
L'éternel débat pourrait enfin être tranché : la fusion de la
Haute et Basse-Normandie semble désormais inévitable. Laurent Beauvais,
le président socialiste de la région Basse-Normandie, se prononce pour,
tout comme son homologue de Haute-Normandie, Nicolas Mayer Rossignol.
Sauf que pour ce dernier, la capitale de cette grande Normandie "ne
pourrait être que Rouen", et non sa voisine Caen. La rivalité des deux
départements n'est donc pas terminée. L'homme voit même plus loin et a
tendu lundi la main à la Picardie, promise au Nord-Pas-de-Calais.
- La Picardie veut survivre
La Picardie ne veut pas disparaître et le fait savoir. Alors que
la région est promise à une fusion avec le Nord-Pas-de-Calais, le
conseil régional a sonné la révolte. Il diffuse sur sa WebTV une vidéo
destinée "à tordre le cou aux idées reçues et à défendre la Picardie".
En parallèle, des sites Internet (
touchepasamapicardie.fr)
et des pétitions (Sauvons la Picardie !) ont également été lancés. La
fusion ne semble d'ailleurs pas convaincre la population. Selon un
sondage de l'institut LH2 diffusé mercredi dernier, 61% des Picards sont
défavorables à un rapprochement avec le Nord-Pas-de-Calais. Quant à
l'idée d'une union avec la Normandie proposée ce lundi par le président
(PS) de la Haute-Normandie, elle ne devrait pas rencontrer plus de
succès. Daniel Percheron, le président (PS) du conseil régional
Nord-Pas-de-Calais, est monté au créneau, affirmant que l'idée de "faire
des économies en regroupant les régions est fausse".
- Midi-Languedoc-Roussillon : deux villes fortes en concurrence
Les Midi-Pyrénées avec le Languedoc-Roussillon ? Sur ce
rapprochement, les habitants sont sceptiques. Un sondage sondage LH2
pour
La Dépêche du Midi révèle
en effet que 48% des habitants des deux régions n'y sont pas favorables
(quand 45% sont pour). Autre difficulté : la fusion des deux régions
poserait la question épineuse de la capitale. Qui de Montpellier ou de
Toulouse dominera l'autre ? Les négociations promettent d'être tendues.
- Rhône-Alpes/Auvergne : ça coince des deux côté
Aucune des deux régions n'en a pour l'heure envie. Si le
président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, reconnaît que
"regrouper" est "utile, "il estime néanmoins que son territoire est
actuellement à la "bonne taille" : "C’est la sixième ou septième région
d'Europe par son PIB". Son homologue auvergnat, René Souchon, se dit
quant à lui "hostile à une fusion pure et simple avec une région
limitrophe » et se déclare favorable à la création d'une région "Massif
Central" de trois millions d’habitants, dont l'Auvergne serait le cœur
et Clermont-Ferrand la capitale."
- Pays-de-la-Loire-Bretagne : une ouverture
Le président PS de la région Pays-de-la-Loire fait de la
résistance. Jacques Auxiette vient d’annoncer la tenue d’une session
extraordinaire du conseil régional sur la question de la réforme
territoriale. "Il ne saurait être question d’imposer une carte depuis
Paris. Nos régions ne sont pas destinées à une vente à la découpe",
indique-t-il. "La question n’est pas tant celle du redécoupage que celle
de l’efficacité qui passe par des compétences claires et élargies."
Toutefois, si cette réforme doit se faire, il affiche sa préférence :
"Nous sommes ouverts à des coopérations encore plus fortes et pourquoi
pas, un jour, à une fusion." Jacques Auxiette penche alors pour un
rapprochement avec la Bretagne qui a des "avantages en terme de
cohérence territoriale, de puissance économique et démographique."
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