Il est une qualité que même les opposants de François Hollande
semblent lui reconnaître : le chef de l'Etat sait écouter, les
mécontents notamment. Le projet de budget 2014, présenté mercredi 11 septembre par le gouvernement, en est la preuve.
Série
de mesures en faveur des entreprises, "pause fiscale"... Le texte
entérine des arbitrages budgétaires en rupture avec ceux portés par le
président de la République un an auparavant. Un François Hollande
nouveau, en somme. Démonstration.
François Hollande l'a promis : les hausses d'impôts, c'est fini. C'est la fameuse "pause fiscale"
annoncée par le chef de l'Etat. Celle-ci intervient après un début de
quinquennat marqué par des mesures fiscales retentissantes, comme la
taxe exceptionnelle à 75% sur les hauts revenus, qui a parfois donné de
la France l'image d'un pays peu accueillant pour les capitaines d'industrie. A cela se sont ajoutées des mesures moins spectaculaires mais touchant un plus grand nombre, comme la baisse du plafond du quotient familial. Résultat : une opposition qui crie au "matraquage fiscal", et une cote de popularité en chute libre.
Le
nouveau budget a été calibré pour mettre fin à ces critiques. Si le
redressement budgétaire doit se poursuivre, contraintes européennes
obligent, il s'appuie avant tout sur la réduction des dépenses : elle
représente plus de 80% de l'effort de réduction des déficits, contre
seulement 20% pour les hausses d'impôts.
La pause fiscale n'est
pourtant pas totale : les prélèvements obligatoires augmenteront tout de
même de 3 milliards d'euros en 2014, ménages et entreprises confondus.
Mais la hausse des taux de la TVA votée fin 2012 "est la seule hausse générale d'impôts pour les ménages" en 2014, martèle Pierre Moscovici. Sans s'étendre sur la suppression de certaines niches fiscales bénéficiant aux ménages...
Premières bénéficiaires de cette politique : les entreprises. Libération (article payant) a ainsi calculé que la pression fiscale qui leur est appliquée devrait "s'alléger d'une dizaine de milliards l'année prochaine", en grande partie grâce au crédit d'impôt compétitivité emploi.
Il est loin le temps où la fronde des "Pigeons" ouvrait
une blessure profonde entre le gouvernement et le monde de
l'entreprise. Désormais, la France prend soin de ses patrons : "Nous voulons permettre aux entreprises de se développer et d'investir", a expliqué le ministre des Finances. La réforme des retraites
a ainsi été soigneusement pensée pour ne pas peser sur le coût du
travail, la hausse d'une partie des cotisations patronales devant être compensée par la baisse d'autres charges.
Le gouvernement a aussi choisi d'étaler la refonte de la fiscalité des
entreprises, qui fait évoluer l'assiette sur laquelle sont imposées les
sociétés.
Surtout, ne brusquer personne, au risque de se faire taxer par Libération de "président des patrons".
Et tant pis si en face, une certaine ingratitude est parfois de mise,
comme dans la bouche de Geoffroy Roux de Bézieux, le vice-président du
Medef, qui fustige dans Les Echos un budget "pas à la hauteur de l'urgence de la situation".
Cette
politique n'est pas que politicienne. Derrière les effets d'annonce
destinés à rassurer employeurs et investisseurs, se dessine une mutation
de fond. Exit les croisades contre les excès de la finance s'adressant,
pendant la campagne présidentielle, aux militants de l'aile gauche de
son parti. Le virage social-libéral amorcé avec le pacte de
compétitivité, qui tourne le dos aux politiques de relance
traditionnellement prônées par la gauche, est désormais pleinement
assumé.
"Le président de la République a dit en novembre 2012
qu'il y avait deux façons d'être socialiste : le socialisme de la
demande, c'est-à-dire le pouvoir d'achat. Et puis il y a aussi le
socialisme de l'offre, autrement dit : on ne peut redistribuer que ce
qu'on produit", a expliqué mardi Pierre Moscovici, à la veille de la présentation du budget.
Après avoir affiché cet été un optimisme à toute épreuve,
François Hollande veut aussi montrer à Bruxelles qu'il affronte la
réalité économique et budgétaire avec lucidité. Bercy a ainsi admis
mercredi que le déficit public de la France dépasserait toujours les 3% en 2014. De même, la prévision de croissance a été revue à la baisse, à 0,9% pour 2014, contre 1,2% espérés jusqu'alors.
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