C’est un conseil municipal, le 24 octobre, qui a mis le feu aux poudres. Le maire et six de ses adjoints ont voté leur refus de célébrer des mariages de couples homosexuels, en menaçant de démissionner le cas échéant. Motif : « La loi naturelle est supérieure aux lois humaines »! Le maire, Jacques Tissier, patron du village depuis 1977 et qui risque aujourd’hui des sanctions administratives, a signé l’appel contre le mariage pour tous du Collectif des maires pour l’enfance.
Au village, deux conseillers municipaux sont… des moines, le frère Bernard Tremolet de Villers et le frère Raphaël Bouere. Aucun d’entre eux ne souhaite s’exprimer. Sous couvert d’anonymat, un moine lâche toutefois : « Il est logique que nous nous intéressions à la vie de la cité où nous résidons. On nous a demandé de participer au conseil municipal, notre influence est spirituelle. » La décision n’est en tout cas pas passée inaperçue : « J’ai dû relire cent fois la délibération du conseil pour être sûre d’avoir bien compris », se souvient, encore éberluée, Frédérique qui gère, avec son mari Jean-Philippe, le garage installé face à la mairie. Après avoir repris ses esprits, cette « forte tête », comme elle aime se définir, s’est précipitée à la sous-préfecture afin d’attirer l’attention des autorités, avant de sonner le tocsin à « la Nouvelle République », le journal local.
« Sans me concerter avec Frédérique, j’ai publié des textes sur les réseaux sociaux », se souvient Marie Hurtrel, une artiste. De fil en aiguille, une vague contestataire s’est propagée dans le village. « Quelques jours plus tard, on s’est retrouvés à 35 dans la salle des fêtes pour monter les Indignés », se félicite André. Depuis, le soufflet n’est toujours pas retombé, mais cette mobilisation inédite laisse certains habitants circonspects : « Ça fait beaucoup rigoler ici », constate Didier, l’épicier, qui tient l’unique commerce du village. « On connaît les opinions du maire, ça n’a surpris personne, mais il n’avait pas forcément besoin d’en parler. » Jacques Tissier a d’ailleurs peu de chances de célébrer un mariage gay : aucun couple homosexuel ne s’est manifesté pour l’heure à Fontgombault.
Cette révolte a en tout cas le mérite de réveiller la foi démocratique de ce petit village endormi. Séverine Reulier, qui a claqué la porte du conseil municipal pour rejoindre les Indignés, s’en félicite quotidiennement. « Ce qui se passe était inimaginable il y a encore deux mois. J’ai découvert des gens que je ne connaissais pas. On essaie tous ensemble de faire quelque chose. » Les Indignés envisagent sérieusement de transformer ce bel élan collectif : « On réfléchit à la constitution d’une liste pour les prochaines élections », explique Frédérique. Le rapport de force ne leur est toutefois pas favorable. André, qui a été un candidat malheureux à la mairie lors du dernier scrutin, en sait quelque chose… La coloration politique de Fontgombault est atypique : en 2002, la pasionaria chrétienne (RCD) Christine Boutin était arrivée en tête au premier tour de l’élection présidentielle…
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