"Nos militants ne veulent pas se faire insulter une semaine et aller manifester avec la CGT une autre semaine. Quand on se fait traiter de +traitre+, de +collabo+, de +renégat+, je considère que ce sont des insultes", a dit M. Berger en référence à des propos de délégués cégétistes au Congrès de Toulouse.
De nombreux militants de la CGT s'en étaient pris à la centrale de Belleville - qualifiée par l'un d'entre eux de "traître" - pour avoir signé l'accord sur la sécurisation de l'emploi.
"Nous vivons une période de tension" mais "je ne souhaite pas qu'elle dure. Je souhaite qu'on s'explique avec Thierry Lepaon", a affirmé M. Berger.
Déjà le 5 mars lors d'une manifestation contre l'accord emploi, à Lille, des militants cégétistes avaient brûlé un drapeau de la CFDT et avaient été désavoués sur le bout des lèvres par leurs leaders.
"La CGT doit clarifier sa position", a affirmé auprès de l'AFP, Marcel Grignard, un leader de la CFDT qui souligne qu'au Congrès de Toulouse les dirigeants de la CGT "n'ont pas condamné, ils ont laissé faire" les délégués.
Dans ce contexte, le 1er mai cette année sera donc le premier depuis 2006 où les deux grandes confédérations ne défileront pas côte-à-côte. Depuis 2000, elles avaient célébré ensemble la fête des travailleurs à l'exception de 2005 -en désaccord sur le traité européen- et en 2006.
Unies sous l'ère Sarkozy, l'arrivée de la gauche et l'explosion du chômage et des fermetures d'usines a fait resurgir les divergences entre la CFDT réformiste et la CGT radicalisée.
"Les relations ne sont pas bonnes" mais "il n'y pas fâcheries sur tous les sujets", temporise M. Grignard. "On continue de travailler dans les négociations en cours sur la vie au travail ou sur les retraites (...). Il n'y a pas d'ostracisme de responsables de la CFDT vis-à-vis de ceux de la CGT, on a toujours prôné le dialogue et la discussion", affirme-t-il.
"Les positions des deux centrales sont aujourd'hui très divergentes" et "ce qui est difficile à trouver, pour l'une et l'autre, ce sont les voies de conciliation. On est pour l'instant dans le constat des divergences et l'affrontement des positions", relève auprès de l'AFP Jean-Marie Pernot chercheur à l'Ires.
Mais, souligne ce chercheur , "ils sont condamnés, malgré tout, à renouer le contact et retrouver des terrains d'accord s'ils ne veulent pas se faire marginaliser alors que le pays va vers des tensions sociales très fortes".
De son côté, le leader de Force ouvrière Jean-Claude Mailly a affirmé à l 'AFP que sa centrale "n'a jamais été partisan de cette notion de syndicalisme rassemblé, comme structure quasi-permanente", prôné par la CGT.
"Nous sommes plutôt partisans d'actions communes quand on est d'accord", souligne-t-il en rappelant la mobilisation commune CGT/ FO le 5 mars contre l'accord emploi. Les deux centrales appellent à une nouvelle journée d'action le 9 avril.
M. Mailly minimise la portée du chahut des militants cégétistes à leur congrès : "On est dans un congrès, pas dans un salon du VIIe arrondissement!", dit-il.
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